Le post-partum tout une Histoire…
…Et l’histoire d’un village qui va avec.
Le post-partum c’est le nom latin qui désigne la période après l’accouchement. Cette période s’étend jusqu’au retour de couches. C’est à dire quand la femme à de nouveau un cycle menstruel. OU dans le contexte de notre société occidentale elle peut durer jusqu’aux 2, voir 3 ans de l’enfant, car les besoins de la mère ne sont pas ou peu prise en compte.
Dans les sociétés traditionnelles il s’agissait des 40 premiers jours après la naissance où, comme la mère s’occupe du bébé, son entourage se devait de prendre soin d’elle, pour qu’elle vive au mieux cette période et qu’elle puisse donner le meilleur à son (ses) enfant(s). En Chine cette période était nommée « Zuo Yue Zi », qui veut dire littéralement: assise 1 mois. Traduit par: Le mois d’or.
Je citerais Ingrid Bayot* paraphrasant Winncott: « Une mère seule, cela n’existe pas ». La question est: qu’est ce qui entoure la mère pendant cette période si cruciale? Qui officie dans la bulle de la dyade mère/bébé? Comment est préservé cette bulle?
Notre tradition culturelle a eu aussi sa période où l’on prenait en considération les besoins de la jeune accouchée. Un mot désignait la fin de cette période : Les relevailles. Mot qui est étroitement lié aux rites de la religion catholique. Il signifiait le moment où la femme devenue mère pouvait se relever (de son lit) et aller de nouveau à l’église.
Alors, même si les traditions d’autres contrées nous inspirent pour retrouver le chemin vers ce qui est « bon » et juste pour nous, il est aussi important de se reconnecter à notre histoire.
Aujourd’hui 30% des mères sont en difficultés maternelles suite à un post-partum où personne ou peu de gens ont pris soin d’elles dans l’intégralité de leurs besoins fondamentaux pour se régénérer après le marathon de la grossesse et de l’accouchement. Et pas uniquement des besoins de santé. Mais au niveau psychique, émotionnel, physique dans le bien être au corps et relationnel.
Alors comment faire pour qu’en 202.. le post-partum des mères, le postnatal de leurs bébés tendent vers un MOIS D’OR plutôt qu’un glissement dangereux vers une dépression.
Revenons un peu en arrière: Ingrid Bayot montre dans son livre « le quatrième trimestre de la grossesse » (mon retour sur ce livre ici) que les guerres, les combats, et le désir de certains hommes d’imposer leur loi par la force, la peur, l’expansion et l’imposition de leur culture, leur système de croyances et des pillages à créer une forte insécurité chez les femmes, les mères qui pour survivre ont dû faire l’impasse sur l’amour, le soin, et la vie en communauté. Ces trois facteur indispensables au bien être et à la bonne croissance de nos enfants. Les guerres et les conflits étaient une façon très efficace de manipuler des populations, de maintenir la terreur, de dominer un peuple et d’avoir de jeunes garçons (enfin plutôt des enfants) abandonnés très tôt par leurs mères. Sans amour, sans lien et moyens pour prendre soin on laisse facilement partir. Et d’éduquer les filles à faire pareil.
Avant cela les femmes vivaient en communauté élargie, pas seulement le papa, la maman et les enfants. C’est selon Ingrid Bayot toujours que nous remontons à nos origines et comment avec ces trois facteurs clefs: l’amour, le soin rapproché et la vie en communauté nous avons fait perduré l’espèce humaine. Rien que ça!!
De l’homme des cavernes qui vivait en clan soudé et où au sein des communautés de femmes régnait l’entraide, le partage, le relais… : « Les femmes devaient s’organiser pour tisser autour d’elles et de leurs enfants un réseau social qui leur assurait sécurité et approvisionnement. Elles ont ainsi assuré un rôle capital dans l’évolution de notre espèce coopérative et sociale. »
Seulement, l’Etre humain c’est progressivement sédentarisé et ce mode de vie nouveau à changer la donne. Des paramètres comme les maisons fermées et plus confortables, ont fait que les mères se sont détachés progressivement de leur nouveaux nés, avec moins d’allaitement, et donc une fertilité qui revient plus vite. Des naissances qui augmentent, et donc un soin aux enfants qui est plus difficile à assumer. La proximité avec les animaux et entre humains a amené son lot de maladie. Ce qui a augmenté la mortalité infantile. Mais sans grande conséquence puisque l’on faisait plus de bébés. Cependant, les capacités empathiques, sociales et la collaboration entre humain s’en ai vu grandement diminuée.
Et même s’il paraît difficile de dater et d’expliquer ce tournant à la révolution néolithique (époque de la sédentarisation), le destin des femmes et le sort qui leur a été réservé depuis, à eu des conséquences sur leur progéniture et donc sur l’espèce humaine et ses capacités à vivre ensemble.
Mickaeleen Doucleff dans son livre Chasseur, Cueilleur, parent, nous parle elle du Moyen âge où les portes des maisons étaient grandes ouvertes. Les adultes du coin formaient une bulle de sécurité autour des enfants, un soutien et un relais pour les parents. C’étaient de la co responsabilité. Et puis l’église est venue modifier cet ordre des choses. Avec l’intention de lutter contre l’inceste elle a interdit les mariages au sein de ces communautés qui de cette façon s’étendaient en gardant les terres et garantissaient leur sécurité et leur moyen de s’approvisionner.
A partir de cette période les familles sont devenues de plus en plus isolées. Les mères bourgeoises pouvaient elles déléguer le maternage à des nourrices. La maternité cependant était très importante pour les femmes, même si certaines ne s’adonnaient pas pour autant aux responsabilités dû aux besoins naturels et inhérents du nourrisson: allaitement, co dodo, proximité, lien d’attachement… Car cette maternité leur donnait le droit d’exister socialement. Seul droit ou devoir que la société patriarcale valorisait pour donner une place légitime à la femme.
Je ne sais pas si c’est depuis ce jour, mais ces fantômes du passé doivent nous hanter, nous cultivons aujourd’hui et depuis un certains temps le culte de l’INDEPENDANCE. Nous ne fonctionnons que très peu, voir pas du tout pour certains, AVEC et POUR les autres. Nous valorisons la performance individuelle. Et l’individu ne se sent pas exister si la réussite est la somme des forces du groupe, mais ce qui est valorisé est la réussite de ses uniques forces et capacités.
Michaeleen Doucleff décrit en comparaison un autre fonctionnement qui est toujours prédominant dans les sociétés ancestrales: « un système solaire, décrivant des cercles les uns autour des autres et sont (elle parle des enfants) stabilisés par la présence et la gravité d’autrui. » Ce qui est, selon elle, la définition de l’AUTONOMIE. Nous gagnions en stabilité, en puissance (pas la puissance abusive sur, mais la puissance avec), en confiance, en pouvoir créateur… quand nous fonctionnons comme cela!
Alors voilà, fonctionner en village ce serait comme cela: une communauté autour de la mère, qui forme un filet de sécurité, qui offre une stabilité quand elle vit des évènements ou des périodes de chamboulement, qui sont attendus et normalisés par la communauté, comme l’arrivée d’un enfant, mais aussi le deuil, l’accompagnement d’un jeune enfant jusqu’à son autonomie …
Et comment? Par la présence, et les actions (le mouvement/la gravité). Par la conscience qu’on est en relation les uns avec les autres. Parce qu’on ne peut pas assumer pleinement toutes les responsabilités de la parentalité sans RECEVOIR, ETRE SOUTENU, et se SENTIR en LIEN.
Je finirai sur ces mots. J’en ai déjà écris beaucoup pour cet article. Je reviendrais dans un prochain pour te chuchoter des pistes à explorer pour créer ces VILLAGES, maintenant que c’est plus clair.
A bientôt,
Iza, doula postnatale.
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